Kadidjath Issotina, plus connue sous le nom de Kady, lauréate du prix Montreux 2023 fait désormais partie des compatriotes qui font la fierté du Bénin au plan international. Après son sacre à Montreux et la diffusion du film « Le rêve de Kadi » dans lequel elle a le rôle principal, la rédaction de votre média, Le Leader Info Bénin, s’est entretenue avec l’actrice. Découverte.
Kadidjath Issotina, alias Kady est actrice du cinéma, humoriste et étudiante en anglais. Autant de casquettes qu’elle porte et qui ne l’empêche pas de forcer l’administration de tout un peuple. Entretien
Comment conciliez-vous le domaine professionnel et le cinéma ?
Après mon bac, mon père voulait que je m’inscrive à l’université pour faire la sociologie. Moi, ça ne me parlais pas trop et mon père quand il sent que je ne veux pas faire quelque chose, il ne m’y force pas. Mais je voyais dans ses yeux qu’il veut que j’étudie, que j’ai un diplôme, un emploi et tout. En 2019, je me suis inscrite en anglais, mais après, je n’allais plus au cours, et j’ai commencé par m’intéressée vraiment au cinéma. J’allais aux répétitions tout le temps. J’ai foutu cette année en l’air.
En 2021, je me suis inscrite dans une université privée pour faire le marketing. J’ai payé la scolarité, mais après, j’ai perdu le goût. Je pensais que je n’y avais pas ma place. Je ne me vois pas dans un bureau, je me sens bien sur la scène, c’est la seule chose qui me fait plaisir. J’ai laissé le marketing, mon père avait vraiment insisté pour que je continue les études, donc je me suis réinscrite en anglais parce que l’un de mes rêves aussi est de faire un spectacle en anglais. Actuellement, je fais l’anglais, je mélange les deux, côté cinéma, côté humour et études. Ce n’est pas facile, je suis rarement en cours ce qui ne m’arrange pas du tout.
Quels sont vos débuts dans le cinéma ?
À mes débuts, je n’ai pas fais le théâtre d’abord, mais à l’école, je m’amusais à faire quelques petites scènes pour égailler mes camarades de classe. Après le bac, j’ai joué dans de petites troupes. À partir de là, je me suis intéressée au cinéma.
Qu’est-ce qui vous a permis de vous lancer ?
Ce qui m’a permis véritablement de me lancer dans le cinéma, c’est ce jour-là où je suis allée au stade de l’amitié et j’ai vu des gens joués, ils faisaient des scènes. J’ai trouvé cela génial. Par pur hasard, un ami m’a appelée et m’a dit, qu’il était membre d’une troupe et qu’il voudrait que je viennes jouer avec eux. Donc, je suis allée à la première répétition, je me suis bien amusée, j’ai trouvé que c’était vraiment un truc qui me passionnait, ça m’a plu. J’ai tout de suite compris que j’allais exceller dans ce truc.
Comment vous êtes-vous retrouvez à Montreux ?
Pendant que je faisais les répétitions pour le cinéma dans un groupe dans lequel j’étais membre, on faisait les répétitions, durant les petites pauses, moi, je m’amusais à créer un petit truc pour détendre l’atmosphère, ça faisait rigoler et tout, sans savoir qu’il avait un de mes collègues qui m’observait beaucoup et qui est déjà humoriste dans le temps. Donc, quand il y a eu le concours canal comedy club au Bénin, il m’a appelé et m’a dit qu’il a un truc d’humour qui va se passer, qu’il faut que je participes. Je me suis dit, mais je ne suis pas humoriste, je suis juste actrice. Il m’a dit qu’il pense que je pourrai être une bonne humoriste également, d’écrire un texte et de faire le casting. Je me suis dis que s’il croit en moi, qui suis-je pour ne pas essayer quand même. C’est comme ça que je suis allée au casting et j’ai été retenue. J’ai commencé, par m’y plaire vraiment.
L’année passée, il y a un collègue qui s’appelle Venance Jacques, qui a été gagnant du Montreux. Cela m’a vraiment motivée à m’y inscrire et à y participer cette année. Je suis allée dans l’optique de gagner en expérience, de mieux me préparer pour la saison à venir et d’aller gagner. Je ne participais pas cette année dans l’objectif de gagner. Je voulais beaucoup plus apprendre des autres, voir comment ça se passe et revenir au pays, travailler et aller après, mais bon, fortuitement, j’ai été l’heureuse élue
Qu’est-ce que ça fait d’être gagnante ?
Ce n’est pas facile, parce qu’une chose est de gagner, l’autre est de pouvoir faire face à tout ce qui vient après. Désormais, j’ai l’impression que je ne peux plus me mettre sur scène et mal faire. Je n’ai plus droit à l’erreur et c’est une pression de savoir que tout le monde croit en toi.
Qu’est-ce qui a milité en votre faveur, selon vous ?
En ce qui concerne le prix Montreux, le casting, la demi-finale, j’aime vraiment tout faire pour avoir ma place, je voulais aller en finale. À la finale, je n’étais pas dans l’optique de gagner le prix, mais beaucoup plus de marquer positivement le jury et le public de telle sorte que si un jour, ils ont besoin d’une humoriste ou d’une actrice, qu’ils pensent à cette fille qu’ils ont vu sur scène et pensent qu’elle peut incarner le rôle qu’ils veulent. C’était mon combat quand j’allais en finale, impacter les gens de sorte que je reste gravée dans leurs têtes pour qu’on puisse me solliciter des fois à venir.
Le fait que je voulais vraiment bien faire, bien jouée a permis au jury de voir que j’avais un peu d’assurance. Du fait que je ne voulais pas forcément gagner à faire dissiper ma peur. J’avais une certaine assurance. Je pense que c’est cette assurance qui les a marquées positivement et ils se sont dits, elle est prête pour le Montreux. C’est ça qui a certainement joué en ma faveur.
Quels sont les grands moments de votre carrière ?
Les grands moments, c’est la première fois que j’ai joué dans un film qui a été projeté. Pour moi, c’était la plus grande chose qui pouvait m’arriver. Je commençais à peine, c’est un film avec Igname Yetchenou. Dans l’humour, c’est le Montreux qui a été le plus grand moment, le moment qui m’a rendue fière de moi. C’est un véritable moment que je ne pourrai oublier.
Quels sont les projets sur lesquels vous avez travaillé et quels sont vos projets à court, moyen et long terme ?
J’ai travaillé sur beaucoup de projet, beaucoup de plateau avec de grand réalisateur, Ignace Yetchenou, Prince Ogoudjobi, Barnabé Affougnon, j’ai travaillé sur des courts métrages, et quelques longs métrages qui ne sont pas tous sortis jusque-là. J’ai pas mal d’expérience pour les quelques années que j’ai fais dans le domaine du cinéma et de l’humour.
J’ai fais le canal Comedy club de Cotonou, le festival Rire à gogo de Lomé, Edabô 2021, Edabô 2023, il y a également le Montreux.
Actuellement, le défi, c’est entre autres mon spectacle que je prépare. Je vais pouvoir le faire en 2024. Après, je projette ouvrir un Comedy club pour permettre aux humoristes d’avoir des scènes. Comme projet à venir, la réalisation d’une série, écrite par moi, réalisée par moi-même. Actuellement, je suis en train de faire les tournages.
Un message
Je souhaite que tout le monde, tous ceux qui peuvent contribuer à l’évolution, le développement du cinéma et de l’humour fassent le nécessaire. Nous n’allons pas forcément parler du gouvernement, si vous avez des moyens et vous que ça peut aider, mettez à notre disposition. Vous pouvez mettre à disposition du matériel pour me permettre d’exceller dans ce que je fais. Le talent sans l’accompagnement, sans aide va disparaitre du jour au lendemain quels que soient les efforts de celui qui est talentueux.