En qualité de Président du Conseil des ministres statutaires de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), Romuald Wadagni a animé, le 11 octobre dernier, une conférence de presse de clôture de la réunion des ministres des finances de la zone Franc à Paris.
A l’occasion, il s’est prononcé sur la future monnaie de l’Afrique de l’Ouest, l’Eco. Pour Romuald Wadagni, le régime de change de l’Eco sera flexible avec un ciblage de l’inflation. Toutefois, l’adoption de cette monnaie par tous les pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) requiert des progrès sur le respect des critères de convergence.
Après avoir fait l’historique de cette monnaie unique, présenté son mécanisme et relevé ses avantages, le ministre béninois de l’économie et des finances a précisé que « l’Uemoa était prête à passer à l’Eco et que l’ensemble des pays devraient respecter tous les critères de convergence du premier rang en 2020 ».
Ce qu’il faut retenir de l’intervention de Wadagni à Paris
« A la question de savoir si c’est à la France ou aux Etats membres de la CEDEAO de prendre l’initiative de la monnaie unique, je crois que la réponse est claire. C’est aux Etats membres de prendre l’initiative. Ils ont déjà pris leur responsabilité et pris l’initiative. Je vous rappelle que le 12 juin à Abidjan lors de la rencontre des chefs d’Etat, nous avons suffisamment informé de ce que font les Etats, des initiatives qu’ils prennent, ceci avec la parfaite collaboration de la France (…) La première chose qu’il faut retenir de cela est que depuis plusieurs années, nous sommes engagés au niveau de la CEDEAO sur un programme de monnaie unique.
Les avantages d’avoir une monnaie unique sont connus. Cela permet d’avoir une solidarité, une fédération sur le plan économique, une synergie, etc. Cette prise de conscience de la nécessité d’avoir une monnaie unique au niveau de la CEDEAO date de plusieurs années. Ce qu’on a dit à Abidjan est que le chantier de la monnaie unique CEDEAO a suffisamment avancé et il a été reconnu la nécessité d’avoir une approche graduelle. Les chefs d’État ont reconnu que l’UEMOA seraient prêts à basculer en 2020 à basculer à la monnaie éco. Cela a été publiquement annoncé et donc c’est l’initiative des pays d’aller à la monnaie unique Eco en 2020 (…) La deuxième chose qui a été également dire est que, changer une monnaie est un processus long.
Et au niveau de l’UEMOA, il a été retenu qu’en attendant que les 15 pays de la CEDEAO arrivent à remplir les critères de convergence et à basculer dans la monnaie Eco, les pays de l’UEMOA agissant en bloc allaient eux franchir le pas. Parce qu’en revoyant les titres de convergence, on pense que tout le monde sera au rendez-vous. Mais en attendant que tout le monde soit dans l’union, l’essentiel des paramètres techniques de la gestion de la monnaie, notamment les questions de taux de changes resteraient identiques. Le régime de changes de la monnaie CEDEAO est connue, c’est un régime de change flexible avec une marge d’inflation, c’est des informations disponibles. Mais tant que l’ensemble des 15 pays de la CEDEAO n’auront pas fait le pas, tous ces paramètres techniques qui sont prévus ne seraient pas applicables. Et nous allons garder pour l’instant l’essentiel des paramètres techniques de la CEDEAO. Donc la parité Euro en FCFA transformé en Eco (…) Nous travaillons la main dans la main avec la France, nous avons pris l’initiative de travailler sur la monnaie unique CEDEAO, et dans ce calendrier nous adoptons une approche graduelle où les pays de l’UEMOA font le pas (…)
Dans l’agenda CEDEAO, il est prévu un certain nombre de mécanismes, notamment une banque centrale de type fédéral qui va être mise en place. Nous avons un agenda qui indique que le déclencheur c’est le respect des critères de convergence. Encore une fois nous avons fait la revue des pays de l’UEMOA, nous avons un système de banque centrale qui existe et on pourra faire le pas en attendant que les autres pays arrivent. L’agenda de la CEDEAO est assez clair sur ces mécanismes. La première étape c’est déjà de vérifier que les pays de l’UEMOA en bloc respectent les critères de convergence. Aujourd’hui les prévisions indiquent clairement que nous allons les respecter pour pouvoir être au rendez-vous. Ensuite les autres étapes de l’agenda de la monnaie unique se dérouleront comme prévues ».