Assia Brass Bénin, ou l’art de sublimer le jazz aux racines africaines

Il est des instants où la musique ne se contente pas de séduire l’oreille : elle saisit l’âme, bouleverse les repères et inscrit son souffle dans le corps collectif d’un public. Ce 17 avril 2025, au Togo Jazz Festival, Assia Brass Bénin a incarné ce moment rare.

Groupe composé de sept musiciens inspirés, Assia Brass Bénin n’a pas simplement joué : il a convoqué l’histoire, réveillé les ancêtres et redonné au jazz ses racines profondes.

Ce qui fait la singularité d’Assia Brass Bénin, c’est cette capacité à allier virtuosité instrumentale et enracinement culturel. En mariant tambours, gongs et cuivres dans une parfaite alchimie, les musiciens ont fait du jazz une célébration vivante, une cérémonie où chaque note devient incantation. L’improvisation — pierre angulaire de leur esthétique — ne trahit jamais la tradition : elle l’honore, elle la transcende.

Les chants, puissants et sincères, résonnaient en langues béninoises, convoquant des rituels oubliés et des échos ancestraux. Loin d’une simple performance, c’était un acte de mémoire, une restitution sonore d’un patrimoine trop souvent éclipsé.

Sur scène, la disposition n’était pas un hasard. Quatre tambours agomè, alignés à l’avant, posés tels des totems de guerre, donnaient à la scène l’allure d’un champ de bataille sacré. Les musiciens, drapés de maîtrise et de passion, menaient cette bataille contre l’ennui et le stress, et en sortaient triomphants, portés par l’ovation d’un public conquis.

Assia Brass Bénin ne joue pas le jazz : il l’habite, il le réinvente, il le réenracine. Et dans cette renaissance, c’est toute l’Afrique qui swingue, s’exprime et s’improvise. Une victoire de la mémoire, du rythme et de la beauté.

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