Le Sodabi, boisson alcoolisée, et non conventionnée, subit une dangereuse contrefaçon, à partir d’une solution d’alcool éthylique, et est fabriqué en 48 heures. Descente dans les labyrinthes d’une industrie meurtrière.
Silence ! Le Sodabi frelaté se produit à une échelle industrielle. Il suffit pour peu de disposer de l’alcool éthylique qui coûte entre 800 à 1000 f Cfa le litre. L’eau de pompe, Sodabi premier degré (Zohan) et le souchet (ndlr affio en fon) entrent dans la composition de cet alcool frelaté.
« Il y a une norme à respecter pour aboutir à cette contrefaçon proche de l’original », témoigne Kakpo, la trentaine à peine, spécialiste de contrfaçon à Azovè. En dehors du Sodabi, le Royal luxe Gin ; le Schnaps ; le Rhum etc, sont également produits par le jeune homme. Les étiquettes qu’il brandit renseignent sur son talent de fabricant.
« Pour obtenir le Sodabi frelaté, il faut mélanger aux 33 litres d’eau de pompe, un litre d’alcool éthylique, un litre de Sodabi premier degré appelé Zohan », indique l’un des chefs d’arrondissement de la commune d’Abomey. Ce dernier préside la commission d’enquête et d’information sur les modes de production, les foyers de production, les composantes et les stratégies de distribution de l’alcool frelaté dans sa localité.
« Le mélange éthylique est isolé de l’air ambiant pendant 48 heures. C’est pourquoi on ferme hermétiquement les tonneaux en plastique. L’alcool éthylique est la base commune de la préparation aussi bien du Sodabi frelaté que des autres liqueurs. Nous utilisons le fruit souchet pour changer l’arôme et le sucre grillé pour colorer les liqueurs. Le bidon de 25 litres d’alcool éthylique coûte ici (Azovè) entre 20000 et 25000 f Cfa », confie M. Kakpo dans l’intimité de sa chambre. Sa femme guette au détour des ballades intempestives toute personne étrangère suspecte lors de notre conversation dans leur intimité.
Experts de frelaté….
Le Sodabi frelaté s’obtient également à partir du sucre, de la mangue, de la levure et des déchets issus de la préparation du vrai Sodabi. « Les résidus du vin de palme mis à feu pour extraire le Sodabi servent à conditionner le sucre et la levure non seulement pour parvenir à la fermentation de ce mélange mais aussi pour obtenir l’arôme du vin de palme dans le nouveau liquide. Ce mélange est porté au feu pour préparer du Sodabi frelaté », explique le vieux Pierre Ahohendo, un producteur de Sodabi dans la Commune de Covè.
L’ex deuxième adjoint au maire de Covè Benoit Kakpo Bidouzo a purgé sa peine en prison pour fabrication d’alcool frelaté. Ce quadragénaire avoue : « Il y a un autre produit qui sert à fabriquer le Sodabi frelaté qui circule dans les villages proches du Nigeria. On le trouve surtout dans la commune de Pobè ». La mangue et le déchet issu du Loualoua c’est-à-dire le 3ème degré du Sodabi extrait du vin de palme, servent de matière première pour la préparation de Sodabi frelaté » renseigne dame constance Lokossou Yédemè, collaboratrice dans une usine de sodabi à Covè. Quoique le Sodabi du pays Adja est prisé, il n’en demeure pas moins que cette région regorge de vastes réseaux de contrefaçon. Leur industries sont logées loin des dans les champs et les palmeraies pour tromper la vigilance des amateurs du produit.
Cette boisson non conventionnée est difficile à contrôler par les services de qualité. Cependant il fait des ravages en douceur. Dans les communes d’Azovè et de Klouékanmè, de Ouèssè, aussi bien que dans la vallée de l’Ouémé, cette boisson frelatée décime les populations. Les vendeurs à la sauvette le long de la route Cotonou-Bohicon, fournissent souvent le faux produit soutient Maxime Dahandé, conducteur de bus. « Le ministre du commerce d’alors sous le régime Kérékou, m’ordonne de sursoir au combat contre les acteurs du Sodabi frelaté à Azovè et kloukanmè. Les tentatives de corruption n’ont pas manqué » persiste le Chef d’Arrondissement de Hounli qui a connu des cascades de décès du à la consommation indirect d’alcool éthylique au regard des dossiers médicaux.
Le visage du vrai Sodabi
Le meilleur Sodabi à un arôme proche de celui de vin de palme. Il n’attire pas la bouche. L’insecte s’éloigne au risque d’être affaiblit par l’odeur de l’alcool. Au contraire le Sodabi malsain attire la mouche et dégage des odeurs relatives aux ferments de base » indique le vieux Pierre Ahohendo, grand producteur à Covè. Le vrai Sodabi est non seulement inflammable mais le feu qu’il produit est bleu et fin tandis que le feu qui se dégage des autres Sodabi frelaté sur le rouge.
Les bulles permettent facilement à tout observateur de faire la différence. Le premier degré de Sodabi a de grosse bulles à la surface. Ces bulles ne résistent pas au toucher. Par contre, le 2ème degré a de petites bulles voire des billes à la surface comme au fond du verre. Elles résistent à la surface quatre minutes environ.
Pour rappel, dans le but de lutter contre cette forme de boisson alcoolisée, le gouvernement, à travers une note d’information signée du ministre de l’Industrie et du commerce, Shadiya Assouman, vient d’interdire la production, l’importation et la distribution des boissons alcoolisées en sachet plastique au Bénin par le gouvernement.
Tobi Pierre Ahlonsou