Retour des biens culturels : l’Afrique de l’Ouest unifie sa voix

À Dakar, ce dimanche 30 novembre 2025, en marge du premier Festival Ouest-Africain des Arts et de la Culture (ECOFEST 2025), les ministres de la Culture de la CEDEAO et de l’UEMOA se sont réunis pour une session exceptionnelle dédiée à un sujet majeur : la validation du Plan d’action conjoint pour le retour des biens culturels africains.

Qualifié de rencontre historique tant par sa portée politique que symbolique, cette réunion des ministres de la Culture de la CEDEAO et de l’UEMOA est apparue comme le tremplin idéal pour adopter un Plan d’action ambitieux et réaliste qui permettra de parler d’une seule et même voix sur la scène internationale en vue d’accélérer le retour des biens culturels africains.

Dans son allocution introductive, le ministre sénégalais de la Culture a planté un décor fort : cette réunion constitue une étape essentielle dans la « reconquête de notre mémoire collective ». Il a rappelé que le retour des œuvres spoliées dépasse les enjeux diplomatiques ou techniques. Il s’agit d’un enjeu de souveraineté, de dignité et de transmission historique, dans un contexte où une part significative du patrimoine ouest-africain repose encore dans les musées occidentaux.

« Comment construire l’avenir si les témoins matériels de notre histoire sont absents de notre continent ? » a-t-il interrogé, renvoyant chaque État à ses responsabilités.

Une stratégie commune CEDEAO – UEMOA pour un combat collectif

Les travaux, fondés sur le document technique préparé par les experts régionaux, visent l’adoption d’une feuille de route cohérente et opérationnelle, articulée autour de plusieurs axes majeurs :

  • L’identification et la documentation des œuvres spoliées dans les collections étrangères ;
  • La montée en compétence des experts ouest-africains en conservation, médiation et gestion muséale ;
  • La modernisation des musées nationaux, afin de garantir des conditions de conservation conformes aux standards internationaux ;
  • L’harmonisation des législations, notamment à travers la ratification complète des conventions internationales relatives au patrimoine ;
  • La mutualisation des ressources diplomatiques pour porter une voix unique dans les négociations internationales.

Une démarche saluée par la Commission de l’UEMOA, dont le discours a insisté sur la nécessité pour les États « d’accélérer la transformation des ambitions politiques en actions tangibles »

ECOFEST, célébrer la culture tout en réparant l’histoire

Tenue à la veille du festival ECOFEST, cette rencontre ministérielle a également bénéficié de l’atmosphère de solidarité culturelle qui règne actuellement sur Dakar.

ECOFEST, consacré à la créativité artistique ouest-africaine, met en lumière la richesse du patrimoine matériel et immatériel de la région. C’est dans cet environnement que les États ont rappelé l’importance de réconcilier célébration contemporaine et restitution historique : l’un ne peut s’accomplir pleinement sans l’autre.

Les ministres ont également souligné que la restitution des biens culturels constitue un pilier essentiel du développement des industries culturelles et créatives (ICC), un secteur stratégique pour la sous-région.

À l’unanimité, les participants ont réaffirmé leur engagement à porter ensemble ce combat pour la mémoire africaine.

Les ministres ont salué la dynamique enclenchée depuis plusieurs années, notamment les restitutions déjà opérées au Bénin, au Sénégal, au Nigeria ou encore en Côte d’Ivoire, tout en appelant à renforcer la pression diplomatique et l’innovation juridique.

Le Plan d’action CEDEAO–UEMOA, désormais en voie de validation finale, devrait donner un cadre cohérent, partagé et durable aux démarches individuelles des États.

La réunion ministérielle de Dakar marque une nouvelle avancée majeure dans la lutte engagée pour la restitution du patrimoine africain. Sous l’impulsion d’ECOFEST, l’Afrique de l’Ouest démontre une détermination unanime : assurer que ses œuvres, témoins de son histoire et de son génie créateur, retrouvent leur place légitime sur le continent.

Le chemin est long, mais jamais les États de la CEDEAO et de l’UEMOA n’avaient affiché un front aussi uni et résolu.

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