C’est la première fois depuis 1964 que l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan enregistre son premier Docteur en science politique fondamentale. Et c’est à un Béninois que revient l’honneur de porter ce titre. Toussaint Kounouho a fait son entrée dans le prestigieux gotha des docteurs de l’Université Félix Houphouët-Boigny en soutenant brillamment sa thèse le vendredi 8 juin 2018 dernier à l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan-Cocody, avec comme mention ‘’Très Honorable avec les félicitations du jury’’. Sa spécialité, la Politique comparée.
Le sujet de sa thèse « L’institutionnalisation du pluralisme politique en Afrique : les trajectoires comparées du Bénin et de la Côte d’Ivoire» a mobilisé près de cinq années de recherches empiriques et documentaires au Bénin, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, en France et en Belgique.
Il était face à un jury international composé de Francisco MÉLÈDJE DJÉDJRO, Agrégé des Facultés de droit, Professeur Titulaire de droit public et de science politique et Ancien secrétaire général du Conseil constitutionnel comme président du Jury et de Ngaméni Nadine MACHIKOU, Agrégée de science politique, Professeur Titulaire de science politique à l’Université de Yaoundé II (Cameroun), de Yédoh Sébastien LATH, Agrégé des Facultés de droit, Directeur du Laboratoire d’Études constitutionnelle, administrative et politique (LECAP) de l’Université Félix Houphouët-Boigny comme membres et enfin des rapporteurs Yapi Paterne MAMBO, Agrégé des Facultés de droit, Doyen de la faculté de Droit de l’Université Université Jean Lorougnon Guédé de Daloa et de Moïse Tchingankong YANOU, Agrégée de science politique, Maître de Conférences à l’Université de Yaoundé II (Cameroun) et de Raphael PORTEILLA, Maître de Conférences à l’Université de Bourgogne (France).
L’impétrant Toussaint Kounouho, après une quinzaine de minutes de présentation, a tenu en haleine le jury international pendant près de 3 heures d’horloge en apportant des réponses précises à leurs questionnements. Le jury après avoir apprécié l’originalité du travail, les apports, la démarche utilisée, la qualité de l’élocution et la bonne défense assurée par le candidat, a qualifié la thèse de 753 pages, de ‘’monumentale et dense’’ et jugé que l’impétrant était digne du grade de Docteur en science politique.
Toussaint Kounouho compte désormais parmi une liste de 5 nouveaux docteurs (les 4 autres ayant soutenu en Droit public) ayant fait leur entrée dans l’élite des docteurs de l’Université Félix Houphouët-Boigny. Il fait partie des Docteurs de la promotion « Professeur Martin Bleou ».
Résumé de la thèse
Depuis les années 1990, la « troisième vague » de démocratisation a donné lieu à une floraison d’approches par lesquelles le passage au pluralisme politique en Afrique a été décrit comme un processus de changement politique. Rares sont parmi les études transitologiques celles qui se sont focalisées sur le pluralisme politique du point de vue de son questionnement ontologique. En comparant les cas contrastés du Bénin et de la Côte d’Ivoire, la présente thèse vise à saisir au concret le processus sociohistorique d’institutionnalisation du pluralisme politique en Afrique.
Mobilisant autant que possible le paradigme passeronnien du raisonnement sociologique, le postulat défendu ici repose sur l’idée fondamentale selon laquelle le processus d’institutionnalisation du pluralisme politique peut être intelligible à l’aune d’une variation dans les manifestations de la concurrence politique entre le Bénin et la Côte d’Ivoire ; il met en exergue le politique au prisme du jeu complexe des acteurs et de la contrainte institutionnelle. Expression d’un dualisme phénoménologique, oscillant entre un enchevêtrement de phénomènes conflictuels et un enchaînement de phénomènes de coopération, vecteurs d’une pacification réversible de la concurrence politique, la problématique de l’institutionnalisation du pluralisme politique a été rendue observable par le recours à des outils conceptuels complémentaires et féconds tels que le néo-institutionnalisme et la configuration.