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De sa nuit passée au commissariat de Versailles, Oussama, 17 ans, garde le souvenir des infectes pâtes aux champignons, de ce matelas qu’il a fallu partager à six « avec deux majeurs » et d’« un banc froid comme un glaçon ». Et puis il y avait aussi cette « OPJ [officier de police judiciaire] ; elle voulait vraiment que je dise : “J’ai tout fait, je suis l’organisateur.” » Il lui a expliqué le contraire.
Assis dans le salon propret de la maison familiale, à Limay (Yvelines), vendredi 7 décembre en fin d’après-midi, l’adolescent ne semble pourtant pas tant affecté par « la toute première garde à vue de [sa] vie ». Il sourit de temps en temps aux pitreries de son ami Bouba, 16 ans, lui aussi tout juste sorti du commissariat, mais celui de Mantes-la-Jolie. « Je ne me sens pas trop mal parce que je suis de retour chez moi, nuance Oussama. Mais là-bas, au commissariat, les minutes c’est des heures. »
Comme eux, 150 jeunes de 12 à 20 ans ont été interpellés, jeudi 6 décembre peu avant midi, à proximité des lycées Saint-Exupéry et Jean-Rostand. Les deux établissements, voisins, 2 500 élèves en temps normal, jouxtent l’immense cité du Val Fourré, où vivent quasiment la moitié des 45 000 habitants de Mantes-la-Jolie.
La scène, des jeunes alignés et agenouillés, les mains derrière la tête ou dans le dos, entravés, tous encadrés par les forces de l’ordre, a été filmée, et diffusée sur les réseaux sociaux par Aboubakry N’Diaye, un journaliste local, puis par l’Agence France-Presse (AFP). Les propos d’un policier moqueur – « voilà une classe qui se tient sage », l’entend-on commenter – ont aussi été massivement partagées.
« On aurait dit Medellin, en Colombie, avec les cartels »
Spectaculaire conclusion d’une série de tensions. Feux de poubelle, voitures incendiées, et même plusieurs bonbonnes de gaz jetées dans un feu, sans exploser, avaient agité les derniers jours. Jeudi, des lycéens étaient venus de nombreuses communes avoisinantes, à l’image d’Oussama et de Bouba, scolarisés au lycée Condorcet de Limay, et arrivés selon eux en curieux ou parce qu’ils avaient « des amis » à Mantes-la-Jolie.
Au lendemain de ces interpellations massives, une cinquantaine de professeurs, de parents d’élèves et d’habitants se sont regroupés pour dire leur mécontentement, vendredi matin, sur le parking entre le lycée Saint-Exupéry et la maison des associations, où les jeunes ont été interpellés. « Ces gamins, ils ont payé pour tout ce qui se passe en France », estime une habitante, la quarantaine. « Les policiers ont ramassé tout le monde, sans faire le tri », déplore un autre : « On aurait dit Medellin, en Colombie, avec les cartels. »
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