Bénin : Ce que Patrice Talon dit du « pardon » de Boni Yayi

Dans un entretien exclusif accordé à la chaîne de service public, le Président Patrice Talon est revenu sur son différend avec son prédécesseur, Boni Yayi, qui lui aurait accordé son pardon.

Le fameux pardon de Boni Yayi à Patrice Talon n’est serait pas un. Ce dernier s’est expliqué sur le différend entre les deux hommes.

Morceaux choisis

……… Cela m’amuse. J’ai entendu dire ici et là que Patrice TALON lui-même a bénéficié du pardon de son prédécesseur et puis aujourd’hui il refuse le pardon à des exilés politiques et à des condamnés politiques. Vous voulez savoir vraiment ? Il est important que le peuple béninois sache ce qui se passe parfois au sommet de l’état, au niveau des responsables à qui ils confient pour un temps notre destin commun. Je vais demander à mon ainé Président Yayi Boni, mon prédécesseur, d’accepter que nous ayons des discussions, à faire ce qu’on appelle Atchakpodji , sous l’arbre à palabre. On va s’assoir avec certains puis on va parler et rappeler les faits qui se sont passés à cette époque notamment entre lui et moi. Ces choses qui ne concernent pas vraiment le Bénin.

J’ai été soutien du Président YAYI Boni, après nous ne l’étions plus sur la façon dont le pays fonctionnait et sur la projection politique.Ca a été un conflit entre deux personnes. Et cela a tellement abimé nos relations au point où cela a été l’occasion d’une tragédie comédie entre deux hommes mais qui a amusé le pays mais qui a inquiété le pays. Dieu merci les choses ne sont pas allées plus loin que ce théâtre qu’il y a eu.

Je vais vous dire, moi personne ne m’a pardonné de rien du tout. Vous savez il y a eu une procédure judiciaire ici contre moi notamment en ce qui concerne les accusations une fois que je suis parti du pays. Il y a eu une conférence de presse d’un certain Maître AGBO le 18 septembre 2012 je crois. Et Maître AGBO aurait dit à cette conférence de presse que le Président YAYI Boni passerait sur les cadavres des béninois pour un troisième mandat ou pour continuer ce qui se fait, que le pays allait très mal et qu’au moment opportun le régime plie ses bagages. Et le président d’alors a dit ou a compris ou a imaginé que je suis à la base de cette conférence de presse, que c’est moi Patrice TALON qui aurait commandé cette conférence de presse. Le lendemain il était à Abuja, a instruit les services d’Etat, de défense et de sécurité et la justice d’aller me chercher. Quelqu’un parmi ceux qui ont été instruits m’a appelé et m’a dit « Monsieur TALON nous savons que vous êtes de nature casse-cou, téméraire mais cette fois-ci c’est sérieux. Nous avions été instruits pour aller vous chercher par tous les moyens, quittez le pays. Ne soyez pas suicidaire ».

J’ai informé mon épouse et je lui ai dit que moi je ne suis pas un fuillard. Je vais voir ce qui va se passer. Mon épouse m’a dit « Patrice debout hors du pays tu feras le combat mais sous terre non alors tu ne feras pas le con ». Comme je suis parfois quelqu’un d’assez docile quand certaines personnes me parlent, je suis parti. Et puis s’en ai suivi tout ce que vous savez….tentatives de coup d’état, d’assassinat, d’empoisonnement et tout le reste. Je vous passe des détails, on va en parler le jour d’Atchakpodji. La justice de mon pays a dit que tout ce dont j’avais été accusé n’a jamais existé. Même si les juges qui étaient sous ordre à l’époque ont prouvé par tous les moyens que Talon a eu l’intention de le faire mais enfin de compte ça ne s’est pas passé…. Bref et il y a eu un non-lieu……

En France, pareil. Mais comme j’étais actif politiquement, mon prédécesseur Boni YAYI a souhaité qu’on fasse la paix. Ce n’est pas moi qui ai sollicité une paix, c’est pas moi qui ai sollicité la réconciliation entre deux hommes. Bien que je sois un homme de paix, de réconciliation.

Mais l’initiative ne vient pas de moi et l’ancien président du Sénégal, le président Abdou Diouf qui était Secrétaire général de la Francophonie, a été appelé. On lui a demandé quand j’étais à Paris de m’appeler et de me demander qu’il faut qu’il y ait la paix entre mon aîné et moi. Mais qui refuse de faire la paix ?

Je suis allé à la convocation du président Abdou Diouf et il m’a dit jeune homme, il faut que tu fasses la paix avec ton ainé et je dis moi je veux bien, je n’ai jamais fait la guerre à personne, et c’est cela qui a donné lieu à des échanges du genre. Et puis on vous dit vous savez, en Afrique, quand on vous dit même si tu n’as rien fait à quelqu’un, demande pardon, demande excuses de tout ce qui a pu arriver.

Je dis rien à personne, je suis condamné pour rien. Je n’ai pas à demander quoi que ce soit, mais in fine c’est faire preuve de rancœur que de ne pas dire à son protagoniste « Ecoute, si j’ai pu t’offenser, si j’ai pu te faire du tort en quoi que ce soit, alors je le regrette.

C’est une forme élégante de dire je suis prêt pour la paix, sans dire je ne suis coupable de rien parce que vous savez, vous pouvez offenser quelqu’un juste, parce que vous êtes une embûche, un obstacle à ses ambitions. Ou bien la personne a pensé que vous l’avez méprisé. Donc quand on veut faire la paix, vraiment, c’est une formule consacrée.

Et comme vous êtes de la presse, allez chercher les documents qui ont été publiés à l’époque par lesquels TALON aurais dit OK, on fait la paix et lisez. Vous allez voir ce qui a été dit. Je n’oublie pas ces choses là. Et j’ai dit, si j’ai pu vous faire du tord, du mal d’une manière que ce soit, alors là je regrette.

Mais ce fut un ami, mon ainé, le président de mon pays. Donc moi, je n’ai jamais demandé que YAYI Boni me pardonne de quoi que ce soit. Il m’a pardonné de rien du tout. J’ai rien fait puisque je ne suis condamné pour rien du tout, il n’y a rien et rien du tout. Alors comment on peut faire l’amalgame entre ce théâtre qui est né d’un conflit entre deux personnes avec une situation grave dans le pays dans lequel nous sommes où des gens ont commis des crimes, des détournements et engager des tueurs à gages pour tuer des gens, pour engendrer une insurrection dans le pays afin que des élections n’aient pas lieu.

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