cette folle semaine où le quinquennat a basculé, un article de Le Monde.fr – Actualités et Infos en France et dans le monde

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Emmanuel Macron, après sa visiteà la préfecture du Puy-en-Velay, où le cortège présidentiel a été conspué, le 4 décembre.
Emmanuel Macron, après sa visiteà la préfecture du Puy-en-Velay, où le cortège présidentiel a été conspué, le 4 décembre. philippe suc / PHOTOPQR/L’EVEIL/MAXPPP

Il a voulu baisser la vitre de sa voiture pour les saluer. Face aux huées et aux cris de « Démission ! », Emmanuel Macron a renoncé. Il est 18 heures, la nuit est déjà tombée sur le Puy-en-Velay, ce mardi 4 décembre. Le chef de l’Etat a tenu à se rendre à la préfecture, partiellement incendiée samedi 1er décembre, lors de la mobilisation des « gilets jaunes ». Mais pas question, cette fois, d’aller au contact des manifestants, d’argumenter les yeux dans les yeux, de défendre son action, comme il aime tant à le faire, depuis le début du quinquennat.

L’image est saisissante. A sa manière, Emmanuel Macron vient d’acter le recul du gouvernement. Il voulait être loin de Paris et des caméras, loin du bruit de la contestation, pendant qu’Edouard Philippe endossait, seul, la responsabilité de cette retraite en rase campagne sur la taxe carbone. Le chef de l’Etat a été rattrapé par la vingtaine de personnes venues l’attendre aux grilles de la préfecture, pour lui crier leur colère.

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A midi et demi, ce même jour, en direct de Matignon, le premier ministre a tourné une page du quinquennat, en actant la première capitulation du gouvernement. Lui qui martelait qu’il fallait « tenir le cap », pour ne pas sombrer dans l’impuissance politique qu’ont connue ses prédécesseurs, le voilà contraint d’annoncer très solennellement la suspension pour six mois de la hausse de la fiscalité écologique. « Aucun texte ne mérite de mettre en danger l’unité de la nation », a déclaré le premier ministre lors d’une allocution télévisée de dix minutes. « C’est un moment central dans le quinquennat », avait-il expliqué deux heures plus tôt devant les élus de la majorité, à l’Assemblée nationale.

« Le président a laissé Edouard Philippe en première ligne parce qu’il ne voulait pas engager tout son crédit dans un acte dont on n’est même pas sûr qu’il mette un terme au mouvement », explique un proche d’Emmanuel Macron. Pour l’heure, les appels à une nouvelle journée de mobilisation samedi 8 décembre se poursuivent. « Le retrait d’Emmanuel Macron, c’est aussi sa manière de dire à son premier ministre : “Tu ne voulais pas bouger, si on en est là, c’est de ta faute, alors maintenant assume”», poursuit cet habitué de l’Elysée, qui veut protéger le chef de l’Etat.

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« Entendre la souffrance »

Jusqu’à dimanche, et malgré le déferlement de violences qui s’est abattu en France samedi 1er décembre, Edouard Philippe a résisté face à ceux qui militaient pour que l’exécutif fasse un geste. Au premier rang desquels François Bayrou, qui a déclaré vendredi sur Europe 1 : « On ne gouverne pas contre le peuple. » Mais aussi Philippe Grangeon, délégué général par intérim de La République en marche (LRM) et proche conseiller du président. Ou encore le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui avait appelé sur Europe 1, le 19 novembre, deux jours après les premières manifestations, à « entendre la souffrance » des « gilets jaunes ».

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