Dans son atelier chaleureux à Lomé, AGBETOGLO Kwami Dodji, sculpteur togolais, transforme des morceaux de bois récupérés en œuvres d’art empreintes d’humanité. À travers ses sculptures, il raconte des histoires universelles tout en respectant l’environnement. Ce reportage explore son parcours inspirant et la découverte de son art par de jeunes journalistes culturels d’Afrique de l’Ouest et du Centre.
L’atmosphère chaleureuse de l’atelier de Dodji enveloppe immédiatement les visiteurs. Chaque œuvre, réalisée avec délicatesse, évoque des émotions profondes. Dodji déclare : « On essaie de respecter la nature ; la plupart des bois que j’utilise sont récupérés sur des chantiers ou abandonnés pour leur donner une nouvelle vie. »
Trente journalistes culturels de 16 pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, âgés de 18 à 35 ans, ont été choisis par l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) pour renforcer leurs compétences dans les industries culturelles. Ils sont restés ébahis devant les sculptures et les histoires qu’elles racontent.
Né d’une famille de chasseurs à Kpalimé en 1989, Dodji sculpte le bois depuis 15 ans et est connu pour ses œuvres qui allient sculpture, peinture et teinture. Grâce à son travail remarquable, il a bénéficié d’une bourse en Chine pour explorer les bois morts et flottants.
Mikail Ba Mavoungou, journaliste culturel, venu du Gabon. ‘’Tout de suite, ce qui interpelle chez l’artiste dans ses œuvres, c’est l’attachement à son ancestralité. Matérialisé d’abord les matériaux qu’il a choisis, c’est-à-dire le bois et le fer, qui sont des matériaux qu’on retrouve dans une arme à feu principale outils des chasseurs dont est issu l’artiste et sa famille. Mais il y a également les scarifications ; toutes ses œuvres sont scarifiées soit par des traits soit par des aspérités. Et justement, là aussi, ça rappelle les origines de l’artiste Dodji Kwami. Au-delà de ça, il y a cette capacité à donner vie au bois, à les humaniser. Au-delà du simple fait que c’est entre une forme humanoïde, on a l’impression qu’elles sont vivantes. On peut également rappeler la dimension triptyque de sa créativité. ‘’
Les sculptures de Dodji sont des récits vivants. Elles capturent des figures humaines expressives qui portent en elles des souvenirs et des messages puissants. Nadège HOUNTINTO, journaliste tchadienne, souligne : « Ce qui m’a frappée, c’est la façon dont Dodji crée une âme à chaque pièce. Les matériaux authentiques respectent les techniques ancestrales, rendant chaque sculpture unique. »
Dodji a représenté le Togo aux IXe jeux de la Francophonie en 2023 et a décroché une médaille de bronze. Il confie : « J’ai affûté ma démarche grâce à un séjour en Chine. »
Kanel Engandja Ngoulou, Directeur de la langue française à l’OIF, mentionne que ces produits culturels révèlent des dimensions économiques mais aussi éducatives. Les journalistes présents doivent sensibiliser le public sur ces œuvres.
« Un lauréat des Jeux de la Francophonie devient ambassadeur de sa culture », ajoute-t-il, soulignant le rôle crucial des journalistes dans la diffusion du message artistique.
Dodji, surnommé l’homme au secret des bois, explique : « En tant que père, je ne peux pas dire que j’aime un bois plus qu’un autre ; je dialogue avec tous les bois qui répondent à mes intentions. »
Visiter l’atelier Tayé-Tayé devient une exploration intérieure où l’art touche notre sensibilité. Dans cet univers sculptural, Dodji nous rappelle que le bois parle autant que l’homme et que chaque sculpture est un miroir de notre humanité.