Le samedi 27 octobre 2018 au centre de promotion sociale des aveugles et amblyopes de Sègbéya à Cotonou, le Rotary Club International en action conjointe avec l’Association pour la Promotion et l’Épanouissement des Personnes Handicapées du Bénin (Apeph-Bénin), et les clubs Rotaract et Interact, a organisé la journée de fin de la polio « Journée HandiDay End Polio ». Loin de ne concerner que les victimes de la poliomyélite, l’événement a réuni toutes les catégories de personnes handicapées.
Malvoyants, malentendants, et estropiés, tous ont répondu présents à ce rassemblement autour d’une cause commune : l’handicap ! Qu’ils soient atteints de la polio ou non, la lutte n’exclut pour eux aucune classe de personnes handicapées. D’après Arnaud Bloukounou, président du Rotaract Club Lagune de Cotonou, la journée HandiDay End Polio vise à sensibiliser les participants sur les mécanismes de transmission du poliovirus, et des enjeux à se faire vacciner tôt. En finir avec la poliomyélite, c’est l’engagement du Rotary Club International qui est à l’œuvre depuis 30 ans au Bénin. Qui plus est, par le biais de cette journée, les clubs rotary ont instauré un appel à souscription. Avec 1000 francs CFA de contribution individuelle, ils entendent venir en aide aux personnes souffrant de la poliomyélite.
Pour Alexandra Houssou, présidente de l’Apeh-Bénin, aussi atteinte de la poliomyélite depuis l’âge de 3 ans, c’est l’occasion pour tous les groupes de personnes qui présentent d’handicapes à se faire entendre et réfléchir au respect des droits des personnes jugées par abus d’invalides. Car à l’en croire, les personnes handicapées éprouvent de réelles difficultés à s’insérer socialement et professionnellement au Bénin. À travers sa communication sur le thème « inclusion sociale et professionnelle des personnes handicapées », elle indexe du doigt la marginalisation, et la perpétuelle quête ou de maintien d’emploi des personnes handicapées. Partant de son expérience propre, dont le souvenir reste douloureux, Alexandra repeint les tableaux sombres du passé.
En effet, les 18 et 19 juin 2011, alors qu’un concours de recrutement d’auditeurs de justice avait été lancé, les malvoyants qui ont voulu participer ont tout simplement été écartés. Feue Jéronime Tokpo, une handicapée visuelle a postulé au concours de recrutement en pensant qu’elle était une citoyenne comme toute autre. « J’ai déposé mon dossier comme tout le monde avec la petite particularité que je devrais composer en braille. Le jour du dépôt, j’avais déjà rencontré une résistance de la part de celui qui devait les réceptionner. Mais il a finalement accepté. Et le mercredi qui a suivi, c’est-à-dire le jour du dépouillement, mon dossier a été rejeté tout simplement parce que je devrais composer en braille. Le motif marqué était « rejet pour écriture braille non ouverte », avait-elle martelé, amère. Selon le troisième recensement général de la population et de l’habitat, le Bénin enregistre un taux de prévalence de 2,55% de personnes handicapées. S’il est vrai que des efforts sont consentis en ce qui concerne l’instruction de cette catégorie de personnes, les opportunités d’emploi restent faibles, ce en dépit des lois existantes. À fortiori, le personnel dans les administrations publiques est l’exemple d’une iniquité toute affichée.
Comme Alexandra, plusieurs autres ont partagé leur expérience en en rapport à leur insertion sociale. Se marier et fonder un foyer, demeurent en effet pour ces personnes un exploit.
Pourtant, ici, dans l’enceinte du centre de promotion sociale des aveugles et amblyopes de Sègbéya, divers produits fabriqués par les personnes handicapées sont exposés, témoignant ainsi de leur ingéniosité. Des pagnes tissés, des tableaux d’arts, des vêtements tout cousus, des produits agroalimentaires…, autant d’œuvres ordinaires. Ensemble, ils dansent et chantent à la joie de se retrouver sans distinction de classe.
Par ailleurs, il est à souligner, que les jeunes parlementaires du Littoral ne sont pas restés en marge de la consécration de cette journée. Une marche sera de même tenue le 03 novembre prochain à l’étoile rouge de Cotonou, pour dire non à la Poliomyélite.