« La priorité politique devrait être de préserver l’habitabilité de la planète », un article de Le Monde.fr – Actualités et Infos en France et dans le monde

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Le philosophe Dominique Bourg, lors d’une conférence de presse à Boulogne-Billancourt, le 29 juin 2017.
Le philosophe Dominique Bourg, lors d’une conférence de presse à Boulogne-Billancourt, le 29 juin 2017. PATRICK KOVARIK / AFP

Philosophe, professeur à la faculté des géosciences et de l’environnement de l’université de Lausanne, Dominique Bourg est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages, parmi lesquels Vers une démocratie écologique : le citoyen, le savant et le politique (Seuil, 2010), le Dictionnaire de la pensée écologique (PUF, 2015) et Une nouvelle terre, pour une autre relation au monde (Desclée de Brouwer, 2018).

Dans une interview au Monde, il pointe la contradiction entre la prise de conscience du risque climatique par les citoyens et la faiblesse de l’action des gouvernements.

Les alertes sur l’urgence climatique se multiplient et, pourtant, nous semblons être collectivement dans l’incapacité d’agir, sinon dans le déni. Comment expliquez-vous cette distorsion ?

Nous sommes des animaux forgés par un processus d’hominisation qui a duré des centaines de milliers d’années. Au cours de cette longue histoire, nous avons été formatés pour réagir rapidement à des dangers immédiats, devant des prédateurs et souvent par la fuite.

Avec le changement climatique, pour la première fois, l’humanité se trouve confrontée à une menace majeure mais qui est longtemps apparue à la fois diffuse et lointaine. Nous n’en étions pas directement informés par nos sens, mais par une médiation scientifique. A cet égard, la communication du GIEC [Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat], présentant des projections de hausse des températures moyennes pour la fin du siècle, avec des données abstraites, a involontairement conforté cette impression d’éloignement du danger.

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La prise de conscience des citoyens ne progresse-t-elle pas néanmoins ?

Clairement, nous entrons aujourd’hui dans une nouvelle phase. L’été 2018 a été marqué par une succession de signaux très forts – une canicule qui a touché tout l’hémisphère Nord, des niveaux de température sans précédent depuis le XIXe siècle, des incendies de forêt inédits dans des pays comme la Suède, des inondations dévastatrices dans l’Aude ou en Suisse… – qui ont fait percevoir à la population, de manière sensible, concrète, qu’il se passe quelque chose de nouveau, que le monde que nous connaissions est en train de changer sous nos yeux. Le changement climatique, que l’on croyait lointain, devient d’un seul coup présent.

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