Niger : le président Tiani accuse l’Occident de manœuvres occultes contre l’ AES

Dans un entretien diffusé samedi soir sur la télévision publique RTN, le président de la transition nigérienne, le Général Abdourahamane Tiani, est sorti de sa réserve pour livrer une charge virulente contre plusieurs puissances occidentales, avec en ligne de mire : la France. Il les accuse de mener une stratégie de déstabilisation ciblée contre l’Alliance des États du Sahel (AES).

Devant les caméras, pendant près de quatre heures, le Général Abdourahamane Tiani, chef de l’État du Niger a détaillé ce qu’il qualifie de « plan global de sabotage » du projet confédéral lancé en janvier 2024 avec le Mali et le Burkina Faso. À l’entendre, ce plan impliquerait non seulement des États voisins, mais aussi des groupes armés transnationaux et des services de renseignement étrangers, notamment français.

Tiani affirme que deux dispositifs français sont activement engagés dans cette entreprise. La première, mise en place peu après le coup d’État du 26 juillet 2023, serait dirigée par Jean-Marie Bockel, représentant spécial du président Macron. Cette structure clandestine réunirait, selon lui, des officiers français chargés de contenir l’influence croissante de l’ AES dans la région.

La seconde entité, baptisée « cellule Sahel de l’Élysée », aurait été formée en septembre 2024 sous la houlette de Christophe Guilhou. Elle regrouperait des membres de la DGSE, des diplomates et des représentants de l’Organisation internationale de la francophonie, avec Jérémie Robert identifié comme chef d’orchestre opérationnel. Le président nigérien accuse cette cellule de disposer de « moyens financiers illimités » pour miner l’ AES.

Plus grave encore, le président Tiani affirme que certains États voisins auraient facilité l’installation de groupes armés aux confins de leurs frontières communes avec le Niger, le Mali et le Burkina Faso. Il parle d’un « repeuplement terroriste » orchestré dans la zone des trois frontières, alimenté par des combattants venus du bassin du lac Tchad.

Le Bénin est spécifiquement accusé d’avoir laissé ces groupes s’implanter dans son nord, présenté comme une « zone libre sous influence française ». Le Nigeria, quant à lui, est soupçonné d’avoir accueilli des troupes françaises expulsées du Niger. Deux réunions tenues à Abuja, en janvier et février 2025, sont pointées comme preuves de cette coopération présumée. Le Comité international de la Croix-Rouge, récemment expulsé de Niamey, est également mentionné pour sa présence à l’une de ces rencontres, ce que l’organisation n’a pour l’instant pas commenté.

Le général Tiani évoque aussi une réunion tenue le 15 mars 2025, où se seraient côtoyés des représentants occidentaux et des groupes jihadistes comme Boko Haram et l’État islamique en Afrique de l’Ouest.

En réponse à ces « agressions extérieures », le président assure que la force conjointe de l’AES est désormais « pleinement opérationnelle » et déjà engagée sur plusieurs fronts. Il promet une montée en puissance rapide de cette coalition militaire, conçue pour défendre l’intégrité et la souveraineté des trois pays membres.

Tiani ne cache pas l’ambition géopolitique du projet AES, qu’il décrit comme une alternative crédible à l’ordre mondial actuel. « Il suffit de faire tomber l’un de nos États pour casser la dynamique que nous avons enclenchée », affirme-t-il. Il a également dénoncé ce qu’il appelle « la compassion sélective » des grandes puissances, fustigeant leur silence sur le drame humanitaire en cours à Gaza.

« Nous nous battons pour la survie de l’homme africain », conclut le général Tiani, dressant un parallèle assumé entre la résistance de l’AES et une lutte pour l’émancipation du continent.

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