Le Réseau des Jeunes Béninois de la Diaspora (RJBD) a tenu, le samedi 12 juillet 2025, une conférence-débat en ligne avec un invité de taille : l’honorable Nourénou Atchadé, président du groupe parlementaire Les Démocrates à l’Assemblée nationale du Bénin.
Pendant plus d’une heure, les échanges ont été francs entre l’honorable Nourénou Atchadé et le Réseau des Jeunes Béninois de la Diaspora (RJBD), sans détours, parfois alarmants, sur la santé démocratique du Bénin à la veille de l’échéance électorale de 2026.
Un parti d’opposition, seul contre tous ?
Face à un public attentif composé majoritairement de jeunes de la diaspora, Atchadé est revenu sur la genèse de son parti, Les Démocrates, fondé en 2020 après une scission au sein de la FCBE. “Notre parti est né dans la douleur mais avec une vision claire : défendre les intérêts du peuple, sans compromission”, a-t-il déclaré.
Avec 28 députés sur 109, Les Démocrates représentent aujourd’hui la seule véritable opposition au sein de l’Assemblée nationale. Une position difficile à tenir, reconnait l’élu, tant le poids de la majorité présidentielle est écrasant : “Nous avons une voix, mais peu d’écho. Même nos propositions les plus consensuelles restent bloquées en commission.”
Une démocratie à plusieurs vitesses
L’honorable Atchadé n’a pas mâché ses mots en dénonçant ce qu’il appelle une “dérive législative organisée”. Selon lui, la réforme du système partisan et les modifications successives du code électoral ont transformé les élections béninoises en une compétition verrouillée à l’avantage du pouvoir en place.
Parmi les points les plus critiques évoqués :
- L’impossibilité de créer un parti sans aval politique, du fait du contrôle exercé par le ministère de l’Intérieur sur la délivrance des récépissés.
- Le seuil national de 10 %, qui empêche toute représentation parlementaire en dessous de ce score, excluant de fait plusieurs formations politiques.
- La hausse du seuil de parrainage à 15 % des élus, qui correspond exactement au nombre de députés Les Démocrates, dans une répartition territoriale précise : une coïncidence “trop parfaite pour être honnête”, selon Atchadé.
Un combat pour les libertés sociales et économiques
Au-delà de la question électorale, Nourénou Atchadé a insisté sur les luttes de son parti en faveur de la justice sociale. Il a vivement critiqué la “loi sur l’embauche”, qu’il qualifie d’“esclavagiste moderne”, car elle précarise les jeunes travailleurs et affaiblit leurs perspectives d’avenir : “Avec un contrat renouvelable sans fin, quel jeune peut obtenir un prêt bancaire ou construire sa vie ?”
Même constat pour le code du numérique, à l’origine de nombreuses arrestations de jeunes pour de simples propos sur Internet : “Nous avons proposé sa réforme. Le gouvernement s’y est engagé devant les Nations Unies. Mais rien n’a été fait.”
2026 : élection ou exclusion ?
L’année électorale qui s’annonce inquiète l’opposition. Nourénou Atchadé redoute un scénario comparable à celui de 2019, où plusieurs partis ont été écartés du processus électoral : “La machine est en marche pour empêcher toute alternance réelle. Les lois sont écrites pour écarter Les Démocrates.”
À la question directe d’un participant sur les stratégies du parti pour contourner ces pièges, Atchadé se veut lucide mais combatif : “Nous connaissons les obstacles. Nous travaillons pour les éviter. Mais rien n’est jamais garanti dans un système aussi déséquilibré.”
Un appel à la mobilisation citoyenne
En clôture, Atchadé a appelé les jeunes de la diaspora à ne pas détourner le regard : “Le Bénin n’appartient pas qu’à ceux qui vivent sur le territoire. La diaspora a un rôle fondamental à jouer, ne serait-ce qu’en éveillant les consciences.”
« La Diaspora s’interroge »
« La Diaspora s’interroge », est une série de conférences en ligne bimensuelle initiée par le Réseau des Jeunes Béninois de la Diaspora (RJBD). Cette initiative a pour ambition de créer un espace d’interaction directe entre la diaspora et les personnalités publiques béninoises afin de renforcer la transparence et la redevabilité des figures publiques face aux préoccupations citoyennes. Elle vise également à impliquer davantage la diaspora dans le débat public et la gouvernance nationale.
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