Adrien Houngbédji conteste la fusion : le PRD toujours distinct de l’UP

Deux ans après la fusion du PRD avec l’Union Progressiste, Adrien Houngbédji, ancien président de l’Assemblée nationale conteste la dissolution de son parti et relance le débat sur la fusion du PRD et de l’UP. À travers une lettre adressée au ministère de l’Intérieur, il pose un acte fort qui rebat les cartes à l’approche des élections générales de 2026.

Me Adrien Houngbédji, figure emblématique de la scène politique béninoise, semble une nouvelle fois brouiller les cartes concernant l’union du PRD et l’UP. Ce mercredi 4 juin, c’est par un courrier adressé au ministère de l’Intérieur qu’il a relancé le débat. Le Parti du Renouveau Démocratique (PRD), affirme-t-il, continue d’exister légalement malgré une union avec l’UP en 2022. Une déclaration qui secoue l’actualité politique.

En août de cette année-là, la scène était historique : deux poids lourds de la politique béninoise l’Union Progressiste et le PRD annonçaient leur union pour donner naissance à l’Union Progressiste le Renouveau (UPR). Houngbédji, alors ovationné, célébrait ce qu’il qualifiait d’acte fondateur : « Jo-Nous l’avons fait ! Un acte historique… une fusion par création, pas par absorption. »

Mais l’histoire, manifestement, ne s’est pas écrite à l’encre indélébile. Deux ans plus tard, l’ancien président de l’Assemblée nationale revient sur cette promesse d’unité et s’appuie sur un élément troublant : un récépissé définitif délivré au PRD en date du 26 août 2022, soit après la signature de l’accord de fusion. Un détail administratif qui pourrait tout changer.

À travers cette démarche, Me Houngbédji remet en cause la légitimité de la fusion elle-même. Selon les statuts du PRD, une dissolution du parti ne peut se faire sans la tenue d’un congrès extraordinaire et un vote aux trois quarts. Ce congrès, selon ses dires, n’a jamais eu lieu. Le PRD n’aurait donc jamais cessé d’exister juridiquement. Une bombe à retardement qui fragilise le socle sur lequel s’est construite l’UPR.

Pour nombre d’observateurs, cette sortie n’est pas une simple querelle d’interprétation juridique. Elle marque un virage politique. Une rupture nette, voire un départ programmé de la mouvance présidentielle, qu’Adrien Houngbédji avait pourtant soutenue avec ferveur depuis 2016.

Rappelons qu’en 2018, il encensait le président Patrice Talon, le qualifiant de « bâtisseur », venu relever un pays « fragmenté ». La fusion avec l’Union Progressiste paraissait alors le prolongement logique de cette loyauté.

La lettre au ministère de l’Intérieur n’est en réalité que le dernier épisode d’une série de prises de positions de plus en plus critiques envers le pouvoir. Déjà, le 1er février 2025, lors d’une cérémonie de vœux à Porto-Novo, Houngbédji insistait sur le fait que le PRD restait une « sensibilité » à part entière dans l’UPR, incarnée dans les symboles du parti fusionné : l’arc-en-ciel, le mot « Renouveau »

Un message à peine voilé, destiné à maintenir vivante l’identité politique du PRD. Puis vinrent les appels au dialogue national, les critiques feutrées contre la gouvernance actuelle, et enfin, selon certaines indiscrétions, des contacts récurrents avec le parti d’opposition Les Démocrates.

À quelques mois des grandes manœuvres pour les élections générales de 2026, Adrien Houngbédji semble affûter ses armes. Retour aux sources ? Nouvelle coalition ? Opposition frontale au régime ? Rien n’est encore clair, mais une chose est sûre: le patriarche n’a pas dit son dernier mot.

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