
Le samedi 19 avril 2025, la scène du Togo Jazz Festival a été marquée par un souffle rare, une présence délicatement sculptée dans la rigueur et la grâce : Foly Nédy.
Dès ses premières notes, Foly Nédy, la cantatrice togolaise a suspendu le temps, comme pour rappeler que la musique est d’abord une affaire de souffle, de cœur, de mémoire.
Connue à l’état civil sous le nom de Situ-Yrata Bénédicte, Foly Nédy a porté haut le flambeau d’une identité artistique unique, mêlant lyrique classique, afro, gospel et chant moderne. Sa prestation, tissée d’interprétations magistrales d’airs bien connus — de Miriam Makeba à Mozart sans oublier la légende Bella Bellow— a été à la fois un hommage aux maîtres et un manifeste de son propre univers musical, nourri d’expériences profondes et de ferveur spirituelle.
Sur scène, elle ne chantait pas : elle récitait des prières mélodiques, elle dialoguait avec les âmes. Le public, d’abord curieux, s’est très vite laissé happer par cette voix de soprano qui épouse chaque note avec la précision d’un funambule, sans jamais perdre l’émotion. Loin du divertissement ordinaire, sa performance s’est révélée être un acte de foi, une célébration de l’excellence et de l’humilité.

La réussite de cette scène doit beaucoup aussi à l’équipe discrète mais efficace qui l’entoure. Yves Foly, assistant du directeur artistique, était là, en véritable ange gardien. De l’éclairage au moindre détail logistique, il a veillé « au grain », pour que la scène soit aussi fluide que la voix qu’elle portait. Le professionnalisme était palpable dans chaque seconde du show.
On aurait pu croire à un récital privé tant l’atmosphère devenait intime. Pourtant, ils étaient des centaines à vibrer avec elle. Il faut dire que Foly Nédy ne chante pas pour un public, elle chante avec lui. Et c’est là que réside son pouvoir : elle rassemble, elle élève, elle inspire.
Née dans les couloirs d’une chorale classique, formée sans école formelle mais avec une dévotion rare, elle incarne cette nouvelle génération d’artistes qui n’attendent ni validation ni projecteurs pour exister. En 2010, Africastar lui offrait une première lumière continentale. En 2025, elle est cette lumière, pure, inflexible, nécessaire.

Foly Nédy ne court pas après les tendances : elle trace son sillage, doucement, sûrement. Et le Togo Jazz Festival 2025 vient de le confirmer — la musique togolaise a trouvé sa prêtresse.