
Dans une interview exclusive accordée à Jeune Afrique, le président Patrice Talon a dévoilé les dessous d’un complot visant à le renverser.
Au cœur de cette affaire, Patrice Talon pointe du doigt deux figures influentes : Oswald Homeky, ancien ministre, et Olivier Boko, homme d’affaires réputé proche des cercles de pouvoir.
L’affaire éclate à la mi-août 2024, à son retour de vacances. Le président Talon reçoit une demande d’audience urgente de la part du colonel Tévoédjrè, officier de haut rang dans l’armée béninoise.
Lors de leur rencontre, le militaire lâche une bombe : “Monsieur le Président, j’ai été approché par l’ex-ministre Oswald Homeky pour organiser un coup d’État, sous la direction de M. Olivier Boko.”
Le colonel dévoile ensuite les détails des échanges avec les instigateurs du putsch. Sous le choc, Talon lui ordonne d’abord de couper tout contact avec eux. Mais l’officier insiste : “Ce n’est pas une affaire personnelle, c’est une affaire d’État. Ils sont déterminés et tenteront par d’autres moyens.”
Après quelques instants de réflexion, le président lui donne une directive lourde de sens : “Colonel, faites ce que votre devoir vous commande.”
Quelques jours plus tard, le colonel revient avec une information encore plus troublante. Les comploteurs lui auraient proposé 1,5 milliard de francs CFA pour s’assurer du ralliement des hommes de la Garde républicaine, un corps clé pour la sécurité présidentielle.
C’est à ce moment-là que Patrice Talon prend la pleine mesure de la menace.
Patrice Talon, entre regrets et trahison
Interrogé sur son plus grand regret, Patrice Talon n’hésite pas : “C’est d’avoir perdu mon meilleur ami, après avoir contribué à faire de lui un monstre.” Néanmoins le chef de l’État reconnaît sa part de responsabilité : “Sans m’en rendre compte, j’ai créé un monstre qui, telle une araignée, avait méthodiquement tissé sa toile dans tous les milieux de la vie publique : politiciens, magistrats, services de sécurité, hommes d’affaires.”
Talon confie qu’il avait une confiance absolue en Olivier Boko, allant jusqu’à lui déléguer le contrôle des services de renseignement et de sa propre sécurité. Une confiance aujourd’hui brisée.
Le président révèle qu’un pacte tacite les liait : “Il était dit et convenu entre nous qu’autant je refusais de m’éterniser au pouvoir – et cela pour le bien du pays et de la démocratie – autant, et pour les mêmes raisons, il était inenvisageable à mes yeux que mon successeur soit issu de ma famille ou de mon clan. Or, si un homme était de mon clan, c’était bien Olivier Boko.”
Talon s’est dit abasourdi par le revirement de son ami, qu’il accuse d’avoir trahi leur engagement commun.